Nicolas Hulot © Radio France / Anne Audigier

Le ministre de l’écologie Nicolas Hulot démissionne et j’ai envie de pleurer…

Quelle mauvaise surprise ce matin d’entendre en direct sur France Inter le ministre de la transition écologique Nicolas Hulot, la voix émue, annoncer qu’il démissionne du gouvernement. Une décision prise la veille, dans l’espoir de faire réagir la population et le gouvernement,  et dans le but de se sentir plus serein envers lui-même, de ne pas donner l’illusion à la France que l’écologie avance, alors que c’est loin d’être le cas. Je ne parle jamais de politique sur le blog, mais là, son discours désespéré, m’a profondément émue. Si lui n’arrive pas à faire bouger les choses, qui pourrait le remplacer dans cette tache impossible ?

Nicolas Hulot © Radio France / Anne Audigier

Nicolas Demorand commence l’interview par une question très simple :

« Incendies un peu partout dans le monde (Grèce, Suède , USA, innondation puis canicule au Japon, records de température en France… C’est la bande annonce de ce qui nous attend dise les scientifiques. Tout a été dit, le film catastrophe se déroule sous nos yeux. Est-ce que vous pouvez m’expliquer pourquoi rationnellement ce n’est pas la mobilisation générale pour ses phénomènes et autour du climat ? »

Et Nicolas Hulot répond simplement :

« Non, je ne peux pas l’expliquer. Je ne comprends pas que nous assistions à la gestation d’une tragédie bien annoncée, dans une forme d’indifférence. La planète est en train de devenir une étuve, nos ressources naturelles s’épuisent, la biodiversité fond comme la neige au soleil, et ça n’est pas toujours appréhender comme un enjeux prioritaire et surtout pour être très sincère, on s’évertue à entretenir voire réanimer  un modèle économique qui est la cause de tous ces désordres. Donc la réponse à votre question : non, je ne comprends pas  qu’après la conférence de Paris, après un diagnostic imparable , ce sujet est toujours relégué dans les dernières priorités. »

Durant son interview, Nicolas Hulot dira à maintes reprises son respect pour le gouvernement et son admiration pour le président de la république Emmanuel Macron et le premier ministre Edouard Philippe, ne cessant de rappeler les forts liens d’amitié qui les unis. Mais il dénonce le fait d’être seul dans le gouvernement à la manoeuvre de cette transition écologique. Aucune société structurée qui descend dans la rue pour défendre la biodiversité, aucune formation politique, aucune union nationale sur un enjeu qui concerne notre avenir et celui de nos propres enfants. Il regrette que les grandes formations politiques ne fassent pas front ensemble pour le climat et l’opposition bloque certaines reformes simplement par contradiction politique. Selon le ministre : « La France n’en fait pas assez, l’Europe n’en fait pas assez, le Monde n’en fait pas assez ». Il regrette que la pression sur le court terme soit trop forte pour pouvoir travailler réellement sur les enjeux sur le long terme.

Nicolas Hulot : « Est-ce que nous avons commencé à réduire nos émissions de gaz à effet de serre ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à réduire l’utilisation des pesticides ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à enrayer l’érosion de la biodiversité ? La réponse est non. Est-ce que nous avons commencé à se mettre en situation d’arrêter l’artificialisation des sols ? La réponse est non.« 

Avec une voix très émue, Nicolas Hulot a annoncé sa décision de quitter le gouvernement, un an après son arrivée au ministère de la Transition écologique et solidaire. Une décision mûrie cet été, après 2 semaines de congés, dont il n’avait encore parlé à quiconque, même pas à Emmanuel Macron et à Edouard Philippe, avec qui il a beaucoup discuté la semaine passée, de peur qu’ils le dissuadent de quitter le gouvernement.

Je vais prendre pour la première fois la décision la plus difficile de ma vie. Je ne veux plus mentir. Je ne veux pas donner l’illusion que ma présence au gouvernement signifie qu’on est à la hauteur sur ces enjeux là. Et donc je prends la décision de quitter le gouvernement, aujourd’hui.

Le ministre ne veut plus se résigner, s’accommoder des petits pas alors qu’il faudrait justement changer d’échelle. Et surtout, il ne veut pas que la population pense que tout va bien. Pour ce pire défi que l’humanité n’a jamais rencontré, il est nécessaire que les choses bougent en profondeur et espère que son geste va marquer l’esprit des français pour qu’ils ne mettent en marche pour le climat. Nicolas Hulot critique le modèle économique actuel (« On s’évertue à entretenir un modèle économique responsable de tous ces désordres climatiques« ), le libéralisme qui poussent à la consommation (il regrette notamment le traité CETA). Il dénonce la présence trop forte des lobbies dans les gouvernements (encore dernièrement avec la réforme de la chasse), l’impossibilité de prendre les bonnes décisions. N’arrivant pas à ses fins, il ne souhaite plus participer à ce gouvernement. Il faudrait un gouvernement uni pour mettre en avant cette transition écologique au lieu de querelles incessantes avec d’autres ministres comme par exemple avec Stéphane Travert (ministre de l’agriculture et de l’alimentation).

Nicolas Hulot aimerait bouger l’économie en profondeur

Pourquoi ne pas opter pour les grandes opportunités que nous offre la transition écologique ? Pourquoi ne pas passer dans un modèle agricole intensif à l’emploi plutôt qu’intensif en pesticide ? Une agriculture sans pesticide est aussi bonne pour le portefeuille des agriculteurs. Pourquoi ne peut-on pas envisager un plan de souveraineté alimentaire en protéines végétales ?

Un commentaire au sujet de « Le ministre de l’écologie Nicolas Hulot démissionne et j’ai envie de pleurer… »

  1. Bonjour,
    Vous pouvez toujours organiser un rassemblement des coquelicots le premier vendredi du mois, pour demander l’interdiction de tous les pesticides en France et signer l’appel des coquelicots (sur le site nousvoulonsdescoquelicots.org).

  2. Je suis très triste aussi, de ce constat d’impuissance… mais aussi de l’apathie générale devant une Terre qui va devenir invivable (pour les humains) très vite…

    • Bonjour Julie,

      Merci pour votre commentaire. C’est en effet inouïe qu’aussi peu de personnes ne se sentent concernées par le sujet. A quand les manifestations et les grèves pour le climat !?!
      Ca me désespère…

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